Dans les photoreportages de Nikita Teryoshin, la vision documentaire croise le sens subjectif autour de sujets sociaux singuliers. Les thèmes choisis et la manière de les traiter dénotent une approche critique de la société contemporaine, où l’avènement de l’économie globalisée et la course au progrès se font souvent au détriment d’une part d’humanité. L’artiste adopte un ton grinçant, soutenu par des couleurs vives et des cadrages où perce l’ironie. Si les images sont propices au sourire, elles pointent néanmoins l’aspect contestable de la frénésie des affaires. Lors des foires d’armement, les costumes impeccables et les buffets garnis contrastent avec les dernières innovations en matière d’équipement militaire. Un salon de pompes funèbres présente des cercueils et corbillards à la dernière mode, comme autant de signes extérieurs de réussite sociale. Il règne dans ces événements une atmosphère festive, qui semble vouloir éluder les questions de géopolitique et de mort.
Des photos plus personnelles, prises en continu depuis près de dix ans, viennent compléter ce propos à la fois amusé et mélancolique sur notre monde. Au gré de ses déplacements, l’artiste saisit l’émergence de l’infime extraordinaire au sein du banal, et la métaphore qui le relie à des sujets plus vastes. L’individualisme et la dépersonnalisation, la vulgarité et la poésie de situations quotidiennes, le théâtre brillant de la vie publique et son revers trivial dessinent la vision d’un photographe en lien avec son époque.
Nikita Teryoshin est né en 1986 à St-Petersbourg. Il vit à Dortmund et à Berlin, et travaille à l’international.
Il est diplômé de l’Université des sciences et des arts appliqués de Dortmund. En abordant des thèmes tels que la politique, l’économie ou le commerce, il ne souhaite pas apporter de réponses, mais plutôt constater et remettre en question certains agissements humains. Il a participé à plusieurs expositions collectives en Allemagne et en Grande-Bretagne. Ses images ont été diffusées par la télévision allemande (NDR), dans le monde entier par les magazines VICE, WIRED, Photonews, iGnant et Emerge Magazin, et font partie des archives de l’agence Ostkreuz. La Chambre lui consacre sa première exposition monographique.