Loin de ne vouloir n’être qu’une satire photographique, les « mondes miniatures » de Kunert sont des compositions d’idées, des maquettes de décors qu’il met des semaines, parfois des mois à mettre en scène à partir de plaques de plastique, de pâte à modeler et de peinture. C’est avec le plus grand soin que les détails sont travaillés et mis en scène jusqu’à ce que tout soit parfait, plus vrai que nature. Mais même si ces maquettes sophistiquées pourraient se suffire en elles-mêmes, c’est dans la représentation photographique que se manifestent la complexité des mondes mis en scène et l’illusion d’optique que cherche à créer l’auteur.
Tout comme des histoires bien racontées, les « mondes miniatures » de Kunert comportent, dans leur symbiose entre idée, image et légende, plusieurs dimensions. En surface, les images nous confrontent à l’absurdité et à la banalité du quotidien. Les travaux de Kunert oscillent volontairement entre humour, esprit, bizarrerie et grotesque.
Sur un plan plus profond, les mondes de Kunert évoquent notre désir de sécurité et notre peur du vide et de l’éphémère. La mélancolie et la tristesse parcourent ces images.
Frank Kunert va à l’encontre d’une autre perte inhérente à notre société de spectacle et de loisir : la perte de l’imagination et de la fantaisie face à une offre de divertissements sans cesse croissante.
Les « mondes miniatures » de Kunert sont pleins d’humour, bizarres, grotesques, contemplatifs, rêveurs, mais également provocateurs et critiques. C’est au spectateur de choisir s’il les trouve uniquement amusants ou macabres, ou bien s’il veut suivre, voire continuer les histoires que nous raconte Kunert.
Frank Kunert est né en 1963 à Francfort. Depuis les années 90, il se consacre principalement à l’élaboration et la photographie de ses « mondes miniatures ».
Il expose régulièrement en Allemagne et à l’international dans le cadre d’exposition monographiques et collective.
Il vient de publier « Verkehrte Welt » aux éditions Hatje Cantz.