« Tout dénuder, tout rendre visible. Voir ce qui est là puis se tenir prêt à le voir disparaître. »
— Don Delillo, Point Omega , 2010.
C’est lors de longues marches en périphérie d’espaces aménagés par l’homme que Guillaume Greff élabore ses paysages de transition où l’organique se mêle à la géométrie et où l’intemporel côtoie l’accidentel. Ses recherches paysagères montrent des lieux-limites où les traces du développement urbain se frottent à une nature toujours présente. L’écotone est ici la zone d’une confrontation où l’homme semble avoir déjà déserté…
Pour lui, la photographie ne se réduit ni à un objet esthétique ni à un document. Ses compositions soignées montrent le désir d’ordonner l’apparent désordre du monde afin de pouvoir s’y inscrire en tant qu’individu. Elles opèrent comme autant d’actes de foi d’une personne essayant de regarder le monde dans lequel il évolue sans condescendance ni misérabilisme. Regard frontal et empathique qui est paradoxalement marqué par la volonté de prendre la distance que pourrait avoir un archéologue venu d’un autre temps, d’une autre civilisation.
Pour le projet Verna, Guillaume Greff présentera en parallèle à ses recherches paysagères son dernier projet réalisé dans la ville artificielle de Jeoffrecourt, créée pour l’entrainement militaire – sorte de maquette grandeur nature du théâtre d’opérations armées – cité idéale, mais du point de vue de la police ou de l’armée.
« Le décor induit, avec son extraordinaire pauvreté, et avec l’annulation en lui de tout style et de tout accent, ressemble parfois à s’y méprendre à certains fragments péri-urbains (…) Nous regardons fascinés, y découvrant l’espace d’une vie qui longe la nôtre. Le décor est planté et si de l’action qui va s’y jouer les photos ne disent rien, c’est parce que le photographe est resté sur le seuil – mais c’est là justement qu’il fallait se tenir, sans dire mot, dans la stupeur d’une effraction. »
— Jean -Christophe Bailly , 2012
Une partie des photographies présentées dans ce projet a été récompensée par l’aide à la création photographique documentaire contemporaine du Centre National des Arts Plastiques en 2012.
Une coproduction La Chambre, Le Maillon