CHRISTOPHER PAYNE

Nous avons souvent tendance à considérer les hôpitaux psychiatriques comme des « maisons de fous », endroits de déchéances et d’abus cauchemardesques dont l’imaginaire a largement été véhiculé par la littérature et le cinéma. De ce fait, peu d’américains réalisent que ces institutions, autrefois symboles nationaux, étaient pensées et construites comme des lieux de refuge, de thérapie et de soin par des architectes et des physiciens renommés.

Durant plus cent ans, les imposants hôpitaux psychiatriques représenteront une spécificité constituante du paysage fédéral nord américain. Dès la moitié du 19ème siècle et jusqu’au début du 20ème, plus de 250 institutions seront ainsi construites au travers des Etats-Unis pour aller jusqu’à héberger plus d’un demi-million de patients aux alentours de 1948. L’introduction de traitements aux psychotropes et les nouvelles politiques d’encadrement appliquées aux structures de soin feront chuter de manière dramatique la population de ces établissements au cours des 30 années suivantes. Progressivement, ces imposants bâtiments seront délaissés.

De 2002 à 2008, Christopher Payne a visité 70 institutions dans 30 états et photographié leurs immenses façades et leurs intérieurs délabrés qui paraissent avoir été quittés la veille par leurs occupants. Par sa démarche il documente le fonctionnement de ces hôpitaux qui tels des villes autosuffisantes produisaient la presque totalité de leurs ressources : nourriture, eau, électricité et même habits et chaussures. Depuis, beaucoup de ces endroits ont été démolis qui font des images de Christopher Payne la dernière trace de cette époque révolue.

 

Christopher Payne, (né en 1968) est photographe, basé à New York il est spécialisé dans l’architecture de la ruine et les paysages industriels de l’Amérique. Architecte de formation il est naturellement intéressé par la façon dont les bâtiments sont conçus, construits, et comment ils fonctionnent. Son premier livre, New York’s Forgotten Substations: The Power Behind the Subway, offre des vues rares à la dimension dramatique des machineries mastodontes dissimulées derrière les façades modestes de New York. Son dernier livre, Asylum: Inside the Closed World of State Mental Hospitals, comprenant un essai d’Oliver Sachs, neurologue réputé, est le résultat d’un vaste périple de sept ans à travers les Etats-Unis, à la découverte des établissements d’état pour malades mentaux.
L’intérêt de Payne pour les bâtiments historiques et l’architecture industrielle est né à la fin de ses études, à l’occasion d’un travail documentaire sur les ponts en fonte, les silos et les centrales électriques pour l’historique de l’ingénierie de la National Parc Service d’Amérique. Il réalisa ensuite des dessins pour l’université de New York sur les fouilles de la ville gréco-Romaine Aphrodisias, en Turquie. Il fit le constat que les bâtiments, lieux et personnes d’un site étaient plongés dans l’oubli très rapidement, que ce site ait 50 ou 2000 ans.
Pour ses travaux personnels, Payne utilise un appareil grand format. Imprimées à grand échelle, ses photographies de lieux devenus inhabitables véhiculent la beauté et la signification de lieux que peu de gens ont pu voir et comprendre au premier abord.

 

Une coproduction La Chambre – Médicis

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Posté le

10 mars 2015