EXPOSITION DE RESTITUTION
EXPÉRIMENTATIONS #20
13.01 — 24.01.21
Jean Marc MOTHU
18 %
Les nombres ont une histoire parfois inattendue. Dans la numérologie hébraïque, la somme du mot « Vivant » (en langue hébraïque « Chai » – חי) est 18, il est pour cela perçu comme un nombre chanceux. C’est aussi le numéro atomique de l’Argon, un gaz noble qui a permis la soudure et l’éclairage. L’argon trouve son étymologie dans le grec ancien dont un des sens est « oisif, paresseux ». Enfin, l’anglais argotique nomme la surface de réparation bien connue des footballeurs « 18 yard zone ».
Mais 18, c’est aussi le pourcentage restant d’audible aux malentendants, moyens à sévères, quand tous leurs interlocuteurs portent un masque et sont contraints de respecter la distanciation physique imposée par la COVID-19.
Au départ, ces photographies tirées du quotidien sont nettes et elles n’ont aucune autre prétention que leur valeur personnelle et descriptive. Il s’agissait de livrer une représentation équilibrée du spectre des couleurs en affectant à chacune d’elles une fréquence sonore.
Puis en appliquant fidèlement à celles-ci un procédé de distorsion et d’aberration chromatique pour représenter les pertes successives, fréquence par fréquence, d’une surdité moyenne à sévère, aggravée par le port du masque, les protections Plexiglas, la distanciation physique, et conjointement à l’impossibilité de pratiquer la lecture labiale :
18% : c’est le reste visible de ce mal-entendu !
Mais 18% suffisent à « éclairer » et « souder » une image à sa dimension esthétique cachée, le plus grand intérêt n’est plus le propos, mais cet ordinaire autrement éclairé devenu extraordinaire. C‘est bien ce manque qui a fait surgir toute forme d’imagination de la fameuse surface des « 18 yard zone », lui donnant son vrai sens : celui de réparer.
Cependant 18% laisse imaginaire cette « pâtisserie » dont on ne peut se saisir, on la devine simplement. Ce 18% aura bousculé la paresse de nos sens, facilités de tout voir, de tout avoir.
Ce masque aura ouvert à tous les portes de cet EPHAD cognitif invisible : Celui de devoir dépasser le premier degré de l’audible. Ainsi protégé des tumultes bruyants du tonnerre pour mieux jouer de la pluie qui le suit.
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