Huit ans seulement après la capitulation de l’Allemagne nazie, Josef Heinrich Darchinger, né à Bonn en 1925, entame sa carrière de photographe dans la République fédérale d’Allemagne alors séparée de sa partie orientale. Les grandes villes du pays transformées en champs de ruines après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale se relèvent à peine. Pourtant, les images du photographe ne présentent guère de signes de l’effondrement d’une civilisation. Le plus souvent en couleurs, les photographies de Darchinger montrent un pays en proie à la fièvre de la reconstruction. En reporter-photographe travaillant pour la presse quotidienne ou les magazines, Darchinger livre un témoignage sur le » miracle économique » allemand (Wirtschaftswunder), l’essor d’une société qui redémarre de rien. Lui-même soldat et prisonnier, c’est comme s’il retrouvait ses amis de jeunesse après une longue absence et consignait avec eux les bouleversements de l’époque. Attentif à tous les signes de renouveau, il enregistre le portrait d’un pays pris entre l’abondance et la pénurie, entre le modernisme technologique et la tradition culturelle, malgré tout sous la constante menace de la guerre froide. Darchinger montre les gagnants et les perdants de ce « miracle économique », soumis aux premiers effets de la société de consommation dans leurs foyers, au travail ou pendant leurs loisirs. Son corpus d’images, nouvelle entrée de la photographie vernaculaire dans l’art contemporain à l’instar de celles d’Arnold Odermatt, apparaissent rétrospectivement comme un album en couleur du milieu du siècle dernier ; elles font écho aux « Trente glorieuses », celles de la France d’après-guerre !
Né en 1925 à Bonn, Josef Heinrich Darchinger dût partir à la guerre alors qu’il n’était encore qu’un jeune homme. Grièvement blessé, un fût fait prisonnier de guerre par les Français. Ce n’est qu’après la guerre qu’il osa réaliser son rêve et qu’il devint « reporter-photo ».
Dès le milieu des années 1960, ses photographies paraissent régulièrement dans de grands médias allemands. Photographe pour Der Spiegel et Die Zeit, Darchinger a contribué à modeler l’image des informations nationales des deux magazines.
Darchinger est le lauréat de nombreux prix parmi lesquels figure le prestigieux prix Erich Salomon décerné par la Société allemande de photographie.
Darchinger est mort l’année dernière à l’âge de 88 ans.
Une exposition présentée en collaboration avec Diaphane, pôle photographique en Picardie
La Chambre et Diaphane sont membres du réseau Diagonal