Le titre sous forme d’invective de cette exposition dit bien le rapport que la matière photographique entretient avec l’ordre dès l’introduction de son utilisation dans les procédés judiciaires au milieu du 19ème siècle.
Nous nous soumettons tous un jour ou l’autre à cet exercice lequel, s’il ne nous définit pas, consiste véritablement en une manifestation incontournable de notre identité officielle.
Traversant les époques, la photographie n’a cessé, depuis son invention, de se plier aux besoins de l’identification et du fichage, thème encore aujourd’hui d’actualité. S’appuyant sur les fonds considérables du Musée Nicéphore Niépce, cette exposition a donc pour vocation d’offrir une entrée, forcément non exhaustive, sur le rapport ambigu de la photographie avec le rôle qu’elle endosse dès qu’il est question d’identité judiciaire.
De la photo d’identité au contrôle policier, du recensement militaire au fichage des migrants, la photographie offre ainsi une grille de lecture, une interprétation de l’identité. Cette explication de l’identité n’est pas à l’abri d’une forme d’épuisement dans la répétition du procédé et arrive même par mégarde à en être révélatrice de sens, exposant parfois plus et autre chose que l’attendu.
Entre organisation sociétale, surveillance et tentations liberticides, le procédé d’enregistrement et de classification par l’image donne à voir alors bien malgré lui – dans ses oublis, ses erreurs, et ses maladresses – un hors-champ fait de décalages, d’absurde, de fantaisie et d’imaginaire.